Maradona, les incohérences d'un sélectionneur
face à l'Equateur (défaite 2-0), à Quito/T.Garcia/REUTERS
FOOT - Les grands joueurs ne font pas toujours de grands entraîneurs. L'expérience Maradona à la tête de l'Argentine est malheureusement là pour le prouver...
Si Friedrich Nietzsche s’intéressait au sort de Diego Maradona, il avancerait que «Dieu est mort» ou sur le point de l’être. Alors que l’Argentine a toujours fermé les yeux sur les écarts de son Pibe de Oro (au point que certains sont allés jusqu’à créer une religion autour de sa personne) il n’y aura pas grand monde pour pardonner une non-qualification au Mondial 2010 à Diego Armando Maradona, le sélectionneur. Depuis son arrivée à la tête de la sélection en octobre 2008, Maradona a multiplié les erreurs de castings et les déclarations maladroites. Au point que Messi et compagnie en sont réduits à jouer leur avenir sur un match à la mort contre l’Uruguay, mercredi. Retour sur les raisons d’un échec presque annoncé.Une expérience d’entraîneur qui tient sur un timbre poste
Maradona n’a jamais exprimé une appétence particulière pour le boulot. S’il s’est assis sur un banc de touche en 1995, c’est surtout pour passer le temps pendant sa suspension pour dopage. Deux clubs argentins de secondes zones (Avellaneda et Mandiyu) vont oser lui confier leur équipe. Mauvaise pioche, Maradona enchaîne les défaites, les expulsions et ne tient pas plus de quatre mois à chaque fois. Amoureux mais pas complètement aveugle, 65% des Argentins auraient d’ailleurs préféré voir l’expérimenté Carlos Bianchi reprendre la sélection albicéleste plutôt que Maradona.
Un casting digne de «La nouvelle Star»
Preuve d’un sélectionneur qui se cherche et cherche encore son équipe type, Maradona consomme des joueurs comme Gainsbourg grillait des Gitanes. «L’Argentine, c’est Messi, Mascherano et neuf autres joueurs», plastronne-t-il à ses débuts. Encore faut-il trouver les neuf autres. En un an, Maradona a ainsi convoqué 78 joueurs. D’un match à l’autre, le sélectionneur argentin est capable de changer sept éléments de son onze de départ comme c’était le cas samedi contre le Pérou. Certains de ses choix ont de quoi déconcerter. Fâché avec Juan Roman Riquelme, Diego relance à l’étonnement de tout un pays, Juan Sébastian Verón, 34 ans et plus toutes ses jambes, pour mener le jeu de l’Albiceleste. Echec. Dans le tas, Maradona a parfois la main heureuse comme quand il sort de l’oublie Martin Palermo, 36 ans. Samedi dernier face aux Péruviens, «El Loco» a sans doute sauvé la tête de son sélectionneur en inscrivant le but de la victoire. Pas de quoi crier au génie pour autant.
Des conceptions tactiques fluctuantes
A sa prise de fonction, Maradona dans un excès de franchise avoue que «tout a déjà été inventé dans le football. Peut-être, mais encore faut-il savoir choisir parmi les schémas tactiques à disposition. 4-3-3, 4-4-2 ou 4-1-3-2, El Pibe change d’avis comme il changeait de teinture à une certaine époque. Contre le Pérou, Manuel Gutierrez a ainsi dépanné comme latéral droit. Huit mois plus tôt, ce même Gutierrez malmenait la défense des Bleus comme… ailier gauche.
Une capacité innée à se fâcher avec ses joueurs
A trop fonctionner à l’affectif, Diego Maradona enchaîne les brouilles avec certains de ses joueurs cadres. Avec Lionel Messi, sa relation tient du roman à l’eau de rose. En froid, réconcilié, à nouveau fâché, difficile de savoir sur quel pied danser avec ces deux-là. Ces derniers jours, la relation bat de nouveau des ailes comme le révèle le père de Messi. Le sélectionneur n’aurait pas adressé un mot à la star du Barça depuis une semaine. «Je ne sais pas pourquoi ils ne se parlent pas, mais ils devraient crever l'abcès au lieu de s'ignorer», déplore Messi père. Pas sûr qu’ils se reparlent de si tôt en cas de défaite mercredi face à l’Uruguay à Montevideo. Maradona a lui déjà indiqué qu’il comptait bien quitter cette galère, même en cas de qualification.
A.P.