Vers un scénario de Troisième Guerre mondiale? Le rôle d’Israël dans le déclenchement d’une guerre contre l’Iran
Deuxième partie : La feuille de route militaire
Pour lire la première partie de cet essai cliquez sur le lien ci-dessous
La Troisième Guerre mondiale se prépare : Objectif Iran
1ère partie : La guerre planétaire
Le stockage et le déploiement de systèmes d’armes perfectionnés visant l’Iran a commencé dans la foulée du bombardement et de l’invasion de l’Irak en 2003. Dès de le début, ces plans de guerre étaient menés par les États-Unis, avec la participation de l’OTAN et d’Israël.
Après l’invasion de l’Irak en 2003, l’administration Bush a identifié l’Iran et la Syrie comme les prochaines étapes du « plan d’action pour la guerre ». Des sources militaires étasuniennes ont indiqué qu’une attaque aérienne contre l’Iran pourrait impliquer un déploiement d’une envergure comparable aux raids étasuniens de mars 2003 en Irak, baptisés « choc et stupeur » :
« Des attaques aériennes des États-Unis contre l’Iran excéderaient largement l’ampleur des attaques israéliennes de 1981 contre le réacteur nucléaire d’Osirak en Irak et ressembleraient davantage aux premiers jours de la campagne aérienne de 2003 contre ce pays ». (Voir Globalsecurity)
« Theater Iran Near Term »
Les planificateurs militaires étasuniens ont donné aux simulations d’une attaque en Iran le nom de code TIRANNT, « Theater Iran Near Term » (Théâtre Iran court terme). Ces simulations ont débuté en mai 2003 « lorsque les spécialistes du renseignement et les modéliseurs ont rassemblé les données nécessaires à l’analyse d’un scénario de guerre de théâtre (c’est-à-dire de grande envergure) en Iran ». (William Arkin, Washington Post, 16 avril 2006).
Dans les scénarios, plusieurs milliers de cibles en Iran ont été identifiées et sont incluses dans une guerre éclair « choc et stupeur » :
L’analyse, appelée TIRANNT, pour « Theater Iran Near Term », a été jumelée à un scénario d’invasion par le corps de la Marine étasunienne et une simulation du nombre de missiles iraniens. Au même moment les planificateurs étasuniens et britanniques ont mené des jeux de guerre sur la mer Caspienne et Bush a ordonné au Commandement stratégique des États-Unis d’établir un plan d’attaque globale contre les armes de destruction massives iraniennes. Tout cela alimentera en bout de ligne un nouveau plan de guerre pour « des opérations de combat majeures » contre l’Iran, déjà esquissé, selon ce que confirment maintenant des sources militaires [avril 2006].
[...] Dans le cadre de TIRANNT, les planificateurs de l’armée et l’U.S. Central Command ont examiné des scénarios de guerre contre l’Iran, à court terme et pour les années suivant la période visée, lesquels comprennent tous les aspects d’une opération de combat majeure, de la mobilisation au déploiement de forces, en passant par les opérations de stabilité d’après-guerre à la suite d’un changement de régime. (William Arkin, Washington Post, 16 avril 2006)
Divers « scénarios de théâtre de guerre » relatifs à une attaque contre l’Iran ont été envisagés : « L’armée, les marines et les forces aériennes des États-Unis ont tous préparé des plans de bataille et passé quatre ans à construire des bases et à s’entraîner pour l’”Opération libération de l’Iran”. L’amiral Fallon, le nouveau chef du Commandement central des États-Unis (USCENTCOM), a hérité des plans informatisés sous le nom de TIRANNT (Theatre Iran Near Term). » (New Statesman, 19 février 2007)
En 2004, en faisant usage des scénarios de guerre initiaux de TIRANNT, le vice-président Dick Cheney a donné l’ordre à l’USSTRATCOM [Commandement stratégique étasunien] de rédiger un « plan de contingence » d’une opération militaire à grande échelle contre l’Iran, « à utiliser en riposte à une autre attaque terroriste de type 11-Septembre en sol étasunien », en supposant que le gouvernement de Téhéran serait derrière le complot terroriste. Le plan incluait l’usage préemptif d’armes nucléaires contre un État ne possédant pas d’armes nucléaires :
Le plan comprend un assaut aérien de grande envergure contre l’Iran à l’aide d’armes conventionnelles et d’armes nucléaires tactiques. En Iran, il y a plus de 450 cibles stratégiques majeures, dont de nombreux sites soupçonnés de servir au développement d’un programme d’armement nucléaire. Bien des cibles sont durcies ou enfouies profondément sous terre et ne pourraient être démolies au moyen d’armes conventionnelles, d’où l’option du nucléaire. Comme dans le cas de l’Irak, la réaction n’est pas conditionnelle à l’implication réelle de l’Iran dans l’acte terroriste visant les États-Unis. Plusieurs officiers de la Force aérienne impliqués dans la planification sont apparemment consternés par les conséquences de ce qu’ils font – préparer une attaque nucléaire délibérée contre l’Iran –, mais personne n’est prêt à nuire à sa carrière en émettant des objections. (Philip Giraldi, Deep Background,The American Conservative août 2005)
La feuille de route militaire:” D’abord l’Irak, ensuite l’Iran”
La décision de cibler l’Iran en vertu de TIRANNT relevait d’une planification militaire et d’un enchaînement d’opérations militaires élargis. Sous l’administration Clinton, l’USCENTCOM avait déjà envisagé d’envahir d’abord l’Irak et ensuite l’Iran dans « les plans de théâtre de guerre ». L’objectif stratégique déclaré était l’accès au pétrole du Moyen-Orient:
Les vastes intérêts liés à la sécurité nationale et les objectifs énoncés dans la Stratégie de sécurité nationale du président (SSN) et la Stratégie militaire nationale du président [de l'Instance collégiale des chefs d'état-major] (SMN) constituent le fondement de la stratégie opérationnelle du Commandement central des États-Unis. La SSN dirige l’exécution d’une stratégie de double endiguement des États voyous que sont l’Irak et l’Iran, du moment que ces États posent une menace aux intérêts des États-Unis, aux autres États de la région, ainsi qu’à leurs propres citoyens. Le double endiguement est conçu pour maintenir l’équilibre des forces dans la région sans que cela dépende de l’Irak ou de l’Iran. La stratégie opérationnelle de l’USCENTCOM est basée sur les intérêts et centré sur la menace. Le but de l’engagement étasunien, tel qu’adopté dans le SSN, est de protéger les intérêts fondamentaux des États-Unis dans la région : un accès ininterrompu et sécurisé au pétrole du Golfe pour les États-Unis et leurs alliés. (USCENTCOM, http://www.milnet.com/milnet/pentagon/centcom/chap1/stratgic.htm#USPolicy, le lien n’est plus fonctionnel, mais il est archivé au http://tinyurl.com/37gafu9)
La guerre contre l’Iran était vue comme une étape dans une succession d’opérations militaires. Selon le commandant (l’ancien commandant) de l’OTAN, le général Wesley Clark, la feuille de route militaire du Pentagone était composée d’une série de pays : « [Le] plan de campagne de cinq ans [comprend] [...] sept pays au total, en commençant par l’Irak, ensuite la Syrie, le Liban, la Lybie, l’Iran, la Somalie et le Soudan. » Dans L’Irak, le terrorisme et l’Empire américain (page 130), le général Clark déclare ce qui suit:
Lorsque je suis retourné au Pentagone en novembre 2001, un officier d’état-major de haut rang avait du temps pour discuter. Oui, nous nous dirigions toujours vers une confrontation avec l’Irak, a-t-il affirmé. Mais il y avait plus. Cela faisait l’objet de discussions et constituait une phase d’un plan projetant une campagne de cinq ans disait-il, où l’on trouvait en tout sept pays en commençant par l’Irak, ensuite la Syrie, le Liban, le Lybie l’Iran, la Somalie et le Soudan. (Voir Secret 2001 Pentagon Plan to Attack Lebanon, Global Research, 23 juillet 2006)
Le rôle d’Israël
Il y a eu beaucoup de discussions sur le rôle d’Israël dans l’initiative d’une attaque contre l’Iran.
Israël est membre d’une alliance militaire. Tel Aviv n’est pas un instigateur et n’a pas de programme militaire distinct.
Israël est intégré dans le « plan de guerre pour des opérations de combat majeures » contre l’Iran, formulé en 2006 par l’USSTRATCOM. Dans le contexte d’opérations militaires de grande envergure, une action militaire unilatérale non coordonnée entreprise par un partenaire de la coalition, à savoir Israël, est presque impossible d’un point de vu stratégique. Israël est un membre de facto de l’OTAN et toute action de sa part nécessiterait un « feu vert » de Washington.
Une attaque par l’État hébreux pourrait toutefois être utilisée comme « mécanisme déclencheur » d’une guerre totale contre l’Iran, ainsi que des représailles par l’Iran contre Israël.
À cet égard, il existe des signes indiquant que Washington pourrait envisager l’option d’une attaque initiale par Israël (soutenue par les États-Unis), au lieu d’une opération militaire catégorique menée par les États-Unis contre l’Iran. L’attaque israélienne, quoique menée en liaison étroite avec le Pentagone et l’OTAN, serait présentée à l’opinion publique comme une décision unilatérale de Tel Aviv. Elle serait ensuite utilisée par Washington pour justifier, aux yeux du monde, une intervention militaire des États-Unis et de l’OTAN visant à « défendre Israël » plutôt qu’à attaquer l’Iran. En vertu des accords de coopération militaires actuels, à la fois les États-Unis et l’OTAN seraient « obligés » de « défendre Israël » contre l’Iran et la Syrie.
Il convient de noter à cet égard qu’au début du second mandat de Bush, le (l’ancien) vice président Dick Cheney a indiqué très clairement que l’Iran figurait « en tête de liste [des] voyous ennemis » des États-Unis et que, pour ainsi dire, Israël « bombarderait pour [eux] » sans que les États-Unis soient impliqués militairement ni qu’ils aient à faire de pression sur Israël pour qu’« il agisse » (Voir Michel Chossudovsky, Planned US-Israeli Attack on Iran, Global Research, 1er mai 2005). Selon Dick Cheney :
Les gens craignent entre autres qu’Israël agisse sans qu’on le lui demande […] Comme l’Iran préconise la destruction d’Israël, les Israéliens pourraient bien décider d’agir d’abord et de laisser ensuite le reste du monde s’occuper de nettoyer les dégâts diplomatiques. (Dick Cheney, en entrevue à MSNBC, janvier 2005)
En commentant l’affirmation du vice-président, l’ancien conseiller à la Sécurité nationale, Zbigniew Brzezinski a confirmé avec une certaine appréhension qu’en effet, Cheney désire que le premier ministre Ariel Sharon agisse au nom des États-Unis et qu’il « le fasse » pour eux :
Je crois que la question de l’Iran est davantage ambiguë et là-bas, le problème n’est certainement pas la tyrannie, ce sont les armes nucléaires. Et aujourd’hui, dans une étrange déclaration parallèlement à cette déclaration en faveur de la liberté, le vice-président a indiqué que les Israéliens pourraient le faire et il a en fait utilisé un langage qui ressemblait à une justification ou même un encouragement, invitant les Israéliens à passer à l’acte.
Nous avons affaire à une opération militaire conjointe des États-Unis, de l’OTAN et d’Israël pour bombarder l’Iran, dont la planification est entamée depuis 2004. Des représentants du département de la Défense, sous Bush et Obama, ont travaillé assidûment à identifier avec soin des cibles iraniennes avec leurs homologues israéliens de l’armée et du renseignement. Sur le plan militaire, toute action par Israël devrait être planifiée et coordonnée par les plus hautes instances de la coalition menée par les États-Unis.
Une attaque par Israël nécessiterait également un soutien logistique coordonné par les États-Unis et l’OTAN, particulièrement en ce qui a trait au système de défense aérienne israélien, lequel est complètement intégré dans celui des États-Unis et de l’OTAN depuis janvier 2009.
(Voir Michel Chossudovsky, Unusually Large U.S. Weapons Shipment to Israel: Are the US and Israel Planning a Broader Middle East War? Global Research, janvier 2009 ; en français : Envois d’un volume inhabituel d’armes des États-Unis vers Israël: Ces pays projettent-ils d’étendre la guerre au Moyen-Orient?)
Le système radar bande X d’Israël, implanté au début 2009 avec le support technique des États-Unis, a « intégré la défense antimissile israélienne au réseau mondial de détection de missiles étasunien [basé dans l’espace], lequel comprend des satellites, des croiseurs Aegis sur la Méditerranée, la mer rouge et dans le golfe Persique ainsi que des radars terrestres et des intercepteurs Patriot ». (Defense Talk.com, 6 janvier 2009,)
Cela signifie qu’en bout de ligne, c’est Washington qui mène la barque. Ce sont les États-Unis, non pas Israël, qui contrôlent le système de défense aérienne : « ”Cela demeurera toujours un système radar étasunien”, a déclaré le porte-parole Geoff Morrell. ”Ce n’est pas quelque chose que nous donnons ou vendons aux Israéliens et il s’agit d’un système qui nécessitera probablement du personnel étasunien sur place pour l’opérer. » (Cité dans Israel National News, 9 janvier 2009).
L’armée étasunienne supervise le système de défense aérienne d’Israël, intégré au système mondial du Pentagone. Autrement dit, Israël ne peut pas lancer une guerre contre l’Iran sans le consentement de Washington, d’où l’importance de la fameuse législation « feu vert » au Congrès étasunien appelée House Resolution 1553, soutenue par le Parti républicain et appuyant explicitement une attaque israélienne contre l’Iran :
La mesure présentée par le républicain du Texas Louie Gohmert et 46 de ses collègues cautionne l’utilisation par Israël de « tous les moyens nécessaires » contre l’Iran, « dont l’usage de la force militaire. […] Il faut que ce soit fait. Nous devons démontrer notre appui à Israël. Nous devons cesser de jouer avec cet allié crucial dans une région si difficile. (Voir Webster Tarpley, Fidel Castro Warns of Imminent Nuclear War; Admiral Mullen Threatens Iran; US-Israel Vs. Iran-Hezbollah Confrontation Builds On, Global Research, 10 août 2010)
En pratique, la législation proposée est un « feu vert » à la Maison-Blanche et au Pentagone plutôt qu’à Israël. Elle constitue une approbation à une guerre contre l’Iran sous l’égide des États-Unis et qui utilise convenablement Israël pour perpétrer une attaque. Elle sert par ailleurs de justification pour mener une guerre dans le but de défendre Israël.
Dans ce contexte, Israël pourrait en effet fournir le prétexte pour mener la guerre en réaction aux prétendues attaques du Hamas ou du Hezbollah et/ou au déclenchement d’hostilités à la frontière israélo-libanaise. Il est essentiel de comprendre qu’un « incident » mineur pourrait être utilisé comme prétexte pour provoquer une importante opération militaire contre l’Iran.
Les planificateurs militaires des États-Unis savent qu’Israël (plutôt que les États-Unis) serait la première cible des représailles de l’Iran. De manière générale, les Israéliens seraient les victimes des machinations et de Washington et de leur propre gouvernement. À cet égard, il est absolument nécessaire que les Israéliens s’opposent fermement à toute attaque de l’Iran par le gouvernement Netanyahou.
Guerre mondiale : le rôle du Commandement stratégique des États-Unis (USSTRATCOM)
Les opérations militaires mondiales sont coordonnées par le quartier général de l’USSTRATCOM à la base aérienne d’Offutt au Nebraska, en lien avec les commandements régionaux des commandements unifiés (par exemple, le Commandement central en Floride, responsable de la région du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, voir la carte ci-dessous) ainsi que par les unités de commandements de coalition en Israël, en Turquie, dans le golfe Persique et à la base militaire Diego Garcia dans l’océan Indien. La planification militaire et la prise de décision au niveau national et sur une base individuelle par des alliés des États-Unis, de l’OTAN et des « pays partenaires » sont intégrées à un plan militaire mondial, comprenant la militarisation de l’espace.
En vertu de son nouveau mandat, l’USSTRATCOM a la responsabilité de « superviser un plan d’attaque mondial » au moyen d’armes conventionnelles et nucléaires. Dans le jargon militaire, il est désigné pour jouer le rôle d’un « agent d’intégration chargé des missions d’opérations dans l’espace, d’opérations d’information, de défense antimissile intégrée, du commandement et du contrôle mondial, du renseignement, de la surveillance et de la reconnaissance, des attaques mondiales et de dissuasion stratégique [...] ».
Les responsabilités de l’USSTRATCOM comprennent : « la gestion, la planification et l’exécution d’opérations de dissuasion stratégique » au niveau mondial; « la synchronisation des plans et des opérations de défense antimissile planétaires, ainsi que des plans de combat régionaux, etc. L’USSTRATCOM est l’organisme principal de coordination des guerres modernes.
En janvier 2005, au début du déploiement militaire et de l’accroissement du potentiel militaire visant l’Iran, l’USSTRATCOM a été identifié comme « le principal commandement pour l’intégration et la synchronisation des efforts à l’échelle du département de la Défense dans la lutte contre les armes de destruction massive ». (Michel Chossudovsky, Nuclear War against Iran, Global Research, 3 janvier 2006 ; en français : Guerre nucléaire contre l’Iran).
Cela signifie que la coordination d’une attaque à grande échelle contre l’Iran, comprenant divers scénarios d’escalade à l’intérieur et à l’extérieur de la vaste région du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, serait menée par l’USSTRATCOM.
Carte : Zones de responsabilité du Commandement central des États-Unis
Armes nucléaires tactiques visant l’Iran
Le fait que les États-Unis et Israël envisagent l’utilisation d’armes nucléaires contre l’Iran est confirmé à la fois par des documents militaires et des déclarations officielles. En 2006, l’USSTRATCOM a annoncé qu’il était parvenu à une capacité opérationnelle lui permettant de toucher rapidement des cibles autour du globe à l’aide d’armes nucléaires ou conventionnelles. Cette annonce a été faite à la suite de simulations militaires relatives à une attaque nucléaire menée par les États-Unis et visant un pays fictif. (David Ruppe, Preemptive Nuclear War in a State of Readiness: U.S. Command Declares Global Strike Capability, Global Security Newswire, 2décembre 2005)
En ce qui concerne l’époque Bush-Cheney, il y a continuité : le président Obama a largement appuyé la doctrine préconisant l’utilisation préemptive d’armes nucléaires formulée par l’administration précédente. Dans le 2010 Nuclear Posture Review (examen de la position concernant le nucléaire), l’administration Obama a confirmé qu’« elle se réserve le droit d’utiliser des armes nucléaires contre l’Iran » en raison du non-respect des demandes étasuniennes concernant son prétendu programme nucléaire (inexistant). (U.S. Nuclear Option on Iran Linked to Israeli Attack Threat – IPS ipsnews.net, April 23, 2010). L’administration Obama a également indiqué qu’elle utiliserait des armes nucléaires advenant des représailles de l’Iran en réaction à une attaque israélienne. (Ibid.). Israël a aussi élaboré ses propres « plans secrets » pour bombarder l’Iran avec des armes nucléaires tactiques :
Les commandants de l’armée israélienne croient que les frappes conventionnelles pourraient ne plus suffire pour anéantir des installations d’enrichissement de mieux en mieux défendues. Plusieurs d’entre elles ont été construites en dessous d’au moins 70 pieds de béton et de pierres. Toutefois les armes antiblockhaus équipées d’ogives nucléaires seraient employées seulement si une attaque conventionnelle était écartée et si les États-Unis refusaient d’intervenir, ont affirmé des sources de haut rang. (Revealed: Israel plans nuclear strike on Iran – Times Online, 7 janvier 2007)
Les déclarations d’Obama relativement à l’utilisation d’armes nucléaires contre l’Iran et la Corée du Nord concordent avec la doctrine des armes nucléaires post-11-Septembre, laquelle permet l’usage d’armes nucléaires tactiques dans un théâtre de guerre conventionnel.
Par une campagne de propagande s’étant assuré l’appui de scientifiques de l’énergie nucléaire « faisant autorité », on justifie l’usage de mini-bombes nucléaires comme instrument de paix, notamment comme une façon de lutter contre le « terrorisme islamique » et d’établir une « démocratie » à l’occidentale en Iran. « L’utilisation sur le champ de bataille » d’armes nucléaires de faible puissance a été autorisée. Il est prévu qu’elles soient employées avec des armes conventionnelles contre l’Iran et la Syrie dans la prochaine phase de la « guerre au terrorisme » étasunienne.
Des représentants de l’administration soutiennent que les armes nucléaires de faible puissance sont des instruments de dissuasion nécessaires contre des États voyous [l’Iran, la Syrie, la Corée du Nord]. Leur logique est que les armes nucléaires existantes sont trop destructrices pour être employées dans une guerre nucléaire générale. Les ennemis potentiels le réalisent, donc ils ne croient pas en la menace de représailles nucléaires. Les mini-bombes nucléaires sont cependant moins destructrices, en conséquence, leur usage est concevable. Cela rendrait l’effet dissuasif des armes nucléaires plus efficace. (Opponents Surprised By Elimination of Nuke Research Funds Defense News 29 novembre 2004)
Les armes nucléaires privilégiées dans une attaque contre l’Iran seraient les armes nucléaires tactiques (fabriquées aux États-Unis), à savoir, les bombes antiblockhaus équipées d’ogives nucléaires (par exemple B61.11) possédant une capacité explosive dépassant de trois à six fois la bombe d’Hiroshima. La B61-11 constitue la « version nucléaire » des bombes « conventionnelles » BLU 113 ou Guided Bomb Unit GBU-28 (bombe guidée). Elle peut être livrée sensiblement de la même façon que les bombes antiblockhaus conventionnelles. (Voir Michel Chossudovsky, http://www.globalresearch.ca/articles/CHO112C.html, et http://www.thebulletin.org/article_nn.php?art_ofn=jf03norris). Alors que les États-Unis n’envisagent pas l’usage d’armes thermonucléaires stratégiques contre l’Iran, l’arsenal nucléaire d’Israël est largement composé de bombes thermonucléaires, lesquelles sont déployées et pourraient être utilisées advenant une guerre avec l’Iran. Tout l’Iran serait accessible au système de missile israélien Jericho III, dont la portée varie entre 4800 km et 6500 km.
Bombe guidée antiblockhaus conventionnelle Guided Bomb Unit GBU-27
Bombe antiblockhaus B61
Retombées radioactives
Alors que les analystes militaires des États-Unis et de l’OTAN n’en tiennent simplement pas compte, le problème des retombées radioactives et de la contamination serait dévastateur et affecterait possiblement une vaste zone de la région élargie du Moyen-Orient (incluant Israël) et de l’Asie centrale.
Les armes nucléaires sont présentées, dans une logique tordue, comme un moyen de consolider la paix et de prévenir les « dommages collatéraux ». Les armes nucléaires iraniennes inexistantes constituent une menace à la sécurité mondiale, alors que celles des États-Unis et d’Israël sont des instruments de paix, sans danger pour la population civile des environs.
Usage de la « Mère de toutes les bombes » (MOAB) prévu contre l’Iran
L’« arme monstre » de 21 500 livres surnommée « mère de toutes les bombes » est significative dans l’arsenal d’armes conventionnelles des États-Unis. Détenant la plus grande portée de cet arsenal, la GBU-43/B or Massive Ordnance Air Blast bomb (MOAB) a été qualifiée d’« arme non nucléaire la plus puissante jamais conçue ». La MOAB a été testée au début mars 2003 avant d’être déployée dans le théâtre de guerre irakien. Selon des sources militaires étasuniennes, avant que la « mère de toutes les bombes » ne soit lancée, l’Instance collégiale des chefs d’état-major avait avisé le gouvernement de Saddam Hussein qu’elle serait utilisée contre l’Irak. (Des reportages non confirmés mentionnent qu’elle l’a été.)
Le département de la Défense étasunien a confirmé en octobre 2009 qu’il a l’intention d’utiliser la « mère de toutes les bombes » contre l’Iran. On dit de la MOAB qu’elle est « idéale pour frapper des installations nucléaires enfouies profondément sous terre, comme celles de Natanz et de Qom en Iran ». (Jonathan Karl, Is the U.S. Preparing to Bomb Iran? ABC News, 9 octobre 2009). En vérité, la MOAB, étant donné sa capacité explosive, entraînerait un nombre extrêmement élevé de victimes civiles. Il s’agit d’un « engin meurtrier » conventionnel provoquant un nuage en champignon de type nucléaire.
L’acquisition de quatre MOAB a été autorisée en octobre 2009 au coût élevé de 58,4 millions de dollars (14,6 millions pour chaque bombe). Ce montant inclut les coûts de développement, d’essai et d’intégration des MOAB sur des bombardiers furtifs B-2. (Ibid.). Cette acquisition est directement liée aux préparations de la guerre concernant l’Iran. La notification était contenue dans un « memo de reprogrammation » de 93 pages, comprenant les instructions suivantes :
« ”Le département a un urgent besoin opérationnel (UBO), soit d’avoir la capacité de frapper des cibles dures et enfouies profondément sous terre dans un environnement très dangereux. La MOP [Massive Ordnance Penetrator] est l’arme de choix pour satisfaire les exigences de l’UBO.” On mentionne par ailleurs que la demande est approuvée par le Commandement du Pacifique (responsable de la Corée du Nord) et le Commandement central, (responsable de l’Iran). » (ABC News, op cit, c’est l’auteur qui souligne). Pour consulter la demande de reprogrammation (pdf), cliquer ici.
Le Pentagone planifie un processus de destruction considérable des infrastructures de l’Iran et des pertes civiles massives par l’emploi combiné d’armes nucléaires tactiques et de bombes conventionnelles monstres provoquant des nuages en champignon, incluant la MOAB et la GBU-57A/B ou Massive Ordnance Penetrator (MOP), encore plus massive que la MOAB et supérieure à celle-ci en termes de capacité explosive.
La MOP est décrite comme « une nouvelle bombe puissante¸ visant directement les installations nucléaires souterraines de l’Iran et de la Corée du Nord. La bombe gargantuesque est plus longue qu’onze personnes se tenant épaule contre épaule [voir l’image ci-dessous], ou plus de 20 pieds de long ». (Voir Edwin Black, “Super Bunker-Buster Bombs Fast-Tracked for Possible Use Against Iran and North Korea Nuclear Programs”, Cutting Edge, 21 septembre 2009)
Ces bombes sont des armes de destruction massive (ADM) dans le vrai sens du terme. L’objectif à peine voilé de la MOAB et de la MOP, y compris le surnom étasunien utilisé pour décrire la MOAB (mère de toutes les bombes), est la « destruction massive » et la perte massive de civils dans le but d’inculquer la peur et le désespoir.
« Mère de toutes les bombes » (MOAB)
GBU-57A/B Mass Ordnance Penetrator (MOP)
MOAB: scènes d’un test : explosion et nuage en champignon
Armement de pointe : « La guerre devenue possible grâce aux nouvelles technologies »
Le processus décisionnel de l’armée étasunienne relativement à l’Iran est soutenu par la Guerre des étoiles, la militarisation de l’espace et la révolution des communications et des systèmes d’information. Vu les avancées de la technologie militaire et le développement de nouveaux systèmes d’armes, une attaque contre l’Iran, si on la compare à la guerre éclair de mars 2003 lancée contre l’Irak, pourrait être significativement différente en raison de la combinaison des systèmes d’armes. L’opération contre l’Iran prévoie l’usage des systèmes d’armes les plus avancés pour appuyer ses attaques aériennes. Selon toute probabilité, de nouveaux systèmes seront testés.
Le document du Project of the New American Century (Projet pour un nouveau siècle étasunien, PNAC) intitulé Rebuilding American Defenses (Rebâtir les défenses des États-Unis), expose brièvement le mandat de l’armée étasunienne en ce qui a trait aux guerres de théâtre à grande échelle qui doivent être menées simultanément dans différentes régions du monde :
« Lutter et vaincre résolument dans de multiples théâtres de guerre majeurs et simultanés »
Cette formulation équivaut à revendiquer une guerre de conquête mondiale par une seule superpuissance impériale. Le document du PNAC réclame également la transformation des forces étasuniennes pour exploiter la « révolution des affaires militaires », c’est-à-dire mener dorénavant une « guerre devenue possible grâce aux nouvelles technologies ». (Voir Project for a New American Century, Rebuilding Americas Defenses, Washington DC, septembre 2000, pdf). Celui-ci consiste à développer et perfectionner un engin meurtrier de pointe basé sur un arsenal de nouvelles armes sophistiquées, lesquelles remplaceraient tôt ou tard les paradigmes existants.
« L’on peut donc prévoir que le processus de transformation aura en réalité deux étapes : d’abord une transition, ensuite une transformation plus approfondie. Le point de rupture se fera lorsque les nouveaux systèmes d’armes mis en service seront prédominants, peut-être, par exemple, lorsque des engins sans pilote commenceront à être plus nombreux que ceux nécessitant un équipage. À cet égard, le Pentagone devrait hésiter à faire de gros investissements dans de nouveaux programmes – des chars d’assaut, des avions, des porte-avions par exemple – lesquels maintiendraient les forces étatsuniennes dans les paradigmes de guerre actuels pendant bien des décennies. » (Ibid.), c’est l’auteur qui souligne)
La guerre contre l’Iran pourrait en effet constituer ce point de rupture crucial. De nouveaux systèmes d’armes basés dans l’espace sont introduits et visent à invalider un ennemi dont les capacités militaires sont considérables et les forces terrestres dépassent le demi-million.
Les armes électromagnétiques
Des armes électromagnétiques pourraient être utilisées pour déstabiliser les systèmes de communications iraniens, paralyser la production d’électricité, miner et déstabiliser le commandement et le contrôle, les infrastructures gouvernementales, le transport, l’énergie, etc. Les techniques de modification de l’environnement (CNMOD) (guerre météorologique), développées dans le cadre du programme HAARP et membres de la même famille d’armes, pourraient également être employées. (Voir Michel Chossudovsky, “Owning the Weather” for Military Use, Global Research, 27 septembre 2004). Ces systèmes d’armes sont totalement opérationnels. Dans ce contexte, le document de l’Armée de l’air étasunienne AF 2025 a explicitement admis les applications militaires des technologies de modification de l’environnement.
La modification de l’environnement deviendra un élément de la sécurité intérieure et internationale […] Ses applications pourraient être offensives ou défensives et même être utilisées comme moyen dissuasif. La capacité de générer des précipitations, du brouillard et des tempêtes sur la terre ou de modifier les conditions climatiques, d’améliorer les communications par la modification de l’ionosphère (l’utilisation de miroirs ionosphériques) et la production de conditions climatiques artificielles font toutes partie d’un ensemble de technologies intégrées pouvant augmenter considérablement la capacité des États-Unis, ou diminuer celle d’un adversaire, d’acquérir une vision, une portée et une puissance mondiale, (Air Force 2025 Final Report, See also US Air Force: Weather as a Force Multiplier: Owning the Weather in 2025, AF2025 v3c15-1 | Weather as a Force Multiplier: Owning… | (Ch 1) atwww.fas.org).
Le rayonnement électromagnétique permettant de « détériorer la santé à distance », pourrait aussi être envisagé dans un théâtre de guerre, (Voir Mojmir Babacek, Electromagnetic and Informational Weapons:, Global Research, 6 août 2004) ainsi que de nouvelles utilisations des armes biologiques par l’armé étasunienne, tel que suggéré par le PNAC : « Des types d’armes biologiques perfectionnées capable de “cibler” des génotypes spécifiques pourrait transformer l’instrument de terreur qu’est la guerre biologique en un outil politique utile. » (PNAC, op cit., p. 60).
Les capacités militaires de l’Iran : des missiles de moyenne et longue portée
L’Iran a un potentiel militaire de pointe, comprenant des missiles de moyenne et de longue portée capables de toucher des cibles en Israël et dans les États du Golfe. D’où l’accent mis par l’alliance des États-Unis, de l’OTAN et d’Israël sur les armes nucléaires, qu’ils prévoient utiliser de manière préemptive ou en réaction à une attaque au missile de l’Iran lancée en guise de représailles.
Portée des missiles iraniens Shahab. Droits d’auteur Washington Post
En novembre 2006, suite à une planification précise, des missiles terrestres iraniens ont été testés dans le cadre d’une opération soigneusement mise en scène. Selon un expert en missiles étasunien de haut niveau (cité par Debka), « les Iraniens ont fait la démonstration d’une technologie récente de lancement de missile et l’Occident ignorait qu’ils possédaient celle-ci. » (Voir Michel Chossudovsky, Iran’s “Power of Deterrence” Global Research, 5 novembre 2006 ; en français : « Le Pouvoir de Dissuasion » de l’Iran) Israël a reconnu que le Shehab-3, avec une portée de 2000 km, peut atteindre Israël, le Moyen-Orient et l’Europe. (Debka, 5 novembre 2006)
Selon Uzi Rubin, l’ancien chef du programme de missiles antibalistiques israélien, « l’intensité de l’exercice militaire était sans précédent […] Il était destiné à impressionner et il a impressionné ». (www.cnsnews.com 3 novembre 2006)
S’ils ont créé de l’agitation politique aux États-Unis et en Israël, les exercices de 2006 n’ont modifié d’aucune manière la détermination des États-Unis, de l’OTAN et d’Israël de s’en prendre à l’Iran.
Téhéran a confirmé dans plusieurs déclarations que l’Iran répliquerait s’il était attaqué et a soutenu qu’Israël serait la cible immédiate d’attaques au missile de l’Iran. La question du système de défense aérien d’Israël est donc fondamentale. Des installations militaires des États-Unis et de leurs alliés dans les États du Golfe, en Turquie, en Arabie Saoudite, en Afghanistan et en Irak pourraient être également ciblées par l’Iran.
Les forces terrestres iraniennes
L’Iran, encerclé par des bases militaires des États-Unis et de leurs alliés, a tout de même un potentiel militaire considérable. (Voir la carte ci-dessous) Il est important de reconnaître cependant la taille absolue des forces iraniennes en termes de personnel (armée de terre, marine, force aérienne) lorsque comparée à celles des États-Unis et de l’OTAN servant en Irak et en Afghanistan.
Confrontées à une insurrection bien organisée, les forces de la coalition sont déjà débordées en Afghanistan et en Irak. Ces dernières seraient-elles en mesure de faire face à la situation si les forces terrestres iraniennes entraient dans les champs de bataille actuels de ces deux pays? La force du mouvement de résistance contre l’occupation des États-Unis et de leurs alliés serait inévitablement affectée.
Les forces terrestres iraniennes sont de l’ordre de 700 000, desquelles 13 000 sont des soldats professionnels, 220 000 des conscrits et 350 000 des réservistes. (Voir Islamic Republic of Iran Army – Wikipedia). En outre, il y a 18 000 personnels dans la marine et 52 000 dans la force aérienne. Selon l’Institut international d’études stratégiques, « les Gardiens de la révolution ont approximativement 125 000 personnels répartis dans cinq branches : ils ont leurs propres Marines, leurs Forces aériennes et terrestres, ainsi que les Forces Qods (Forces spéciales) ». D’après le CISS, la force paramilitaire de volontaires Basij, contrôlée par les Gardiens de la révolution, « comprend environ 90 000 membres en service actif à temps plein, 300 000 réservistes et en tout 11 millions d’hommes pouvant être mobilisés si nécessaire ». (Armed Forces of the Islamic Republic of Iran – Wikipedia) Autrement dit, l’Iran peut mobiliser jusqu’à un demi-million de troupes régulières et plusieurs millions de milices. Ses forces spéciales Qods sont déjà en fonction en Irak.
Installations militaires de l’armée étasunienne et de ses alliés entourant l’Iran.
Depuis plusieurs années l’Iran procède à ses propres exercices de guerre. Si sa Force aérienne a des faiblesses, ses missiles à longue et moyenne portée sont
totalement opérationnels. L’armée iranienne est en état d’alerte. À l’heure actuelle, ses troupes sont concentrées à quelques kilomètres des frontières irakiennes et afghanes, ainsi qu’à
proximité du Koweït. La Marine iranienne est déployée dans le golfe Persique, près des installations militaires des États-Unis et de leurs alliés aux Émirats arabes unis.
Il convient de noter qu’en réaction à l’accroissement de la puissance militaire iranienne, les États-Unis ont transféré de grandes quantités d’armes à leurs alliés de l’OTAN dans le golfe Persique, y compris au Koweït et en Arabie Saoudite.
Bien que les armes de pointe iraniennes ne soient pas à la hauteur de celles des États-Unis et de l’OTAN, les forces iraniennes seraient en mesure d’infliger de lourdes pertes aux forces de la coalition dans un théâtre de guerre conventionnel et sur le terrain en Irak ou en Afghanistan. En décembre 2009 les troupes terrestres et les chars d’assaut iraniens ont traversé la frontière irakienne sans être confrontées ou opposées par les forces alliées et ont occupé un territoire contesté dans le champ pétrolifère de l’est du Maysan.
Même en cas de guerre éclair efficace ciblant les installations militaires, les systèmes de communications, et d’autres infrastructures de l’Iran avec des bombardement aériens massifs, des missiles de croisières, des bombes antiblockhaus conventionnelles et des armes nucléaires tactiques, une guerre contre l’Iran, une fois commencée, pourrait tôt ou tard mener à une guerre de terrain. Les planificateurs militaires étasuniens l’ont sans aucun doute envisagé dans leurs scénarios de guerre.
Une opération de cette nature provoquerait des pertes civiles et militaires considérables, surtout si des armes nucléaires sont utilisées.
L’augmentation du budget pour la guerre en Afghanistan actuellement à l’étude au Congrès étasunien, est aussi prévue en cas d’attaque contre l’Iran.
Dans un scénario d’escalade, les troupes iraniennes pourraient traverser les frontières de l’Irak et de l’Afghanistan.
Par ailleurs, une escalade militaire dans laquelle des armes nucléaires seraient employées pourrait nous mener à un scénario de Troisième guerre mondiale et s’étendre au-delà de la région du Moyen–Orient et de l’Asie centrale.
En réalité, ce projet militaire sur la planche à dessin du Pentagone depuis plus de cinq ans menace l’avenir de l’humanité.
Dans cet essai, nous nous sommes concentrés sur les préparatifs de guerre. Que ceux-ci soient à un stade avancé n’implique pas que ces plans de guerre seront mis à exécution.
L’alliance des États-Unis, de l’OTAN et d’Israël réalise que l’ennemi est amplement en mesure de riposter. Dans les cinq dernières années, ce facteur en soi a été déterminant dans les décisions des États-Unis et de leurs alliés de reporter une attaque contre l’Iran.
La structure des alliances militaires représente un autre facteur décisif. Si l’OTAN est devenue une force redoutable, l’alliance entre la Russie, la Chine et certaines anciennes républiques soviétiques, l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), a été gravement affaiblie.
Les perpétuelles menaces de l’armée étasunienne envers la Chine et la Russie visent à affaiblir l’OCS et à décourager toute forme d’action militaire de la part des alliés de l’Iran en cas d’attaque par les États-Unis, l’OTAN et Israël.
Quelles sont les forces compensatoires qui pourraient empêcher cette guerre? Il existe de nombreuses forces travaillant continuellement au sein de l’appareil d’État étasunien, du Congrès, du Pentagone et de l’OTAN.
Mais en bout de ligne, la force centrale faisant obstacle à la guerre provient de la base de la société et nécessite des fortes actions antiguerre auxquelles participent des centaines de millions de personnes, aux niveaux national et international.
Les gens doivent non seulement se mobiliser contre ce programme militaire diabolique, mais aussi contester l’autorité de l’État et celle de ses représentants.
Cette guerre peut être évitée si les gens confrontent vigoureusement leurs gouvernements, font pression sur leurs représentants élus, s’organisent au niveau local, dans les villes, les villages, les municipalités, passent le message, informent leurs concitoyens sur les implications d’une guerre nucléaire, entament le débat et discutent au sein des forces armées.
Faire des manifestations antiguerre massives ne suffit pas. Il faut développer un vaste réseau antiguerre populaire, bien organisé, s’opposant aux structures de pouvoir et aux autorités.
Il faut un mouvement de masse confrontant vigoureusement la légitimité de la guerre, un mouvement planétaire criminalisant la guerre.
Article original en anglais : Towards a World War III Scenario? The Role of Israel in Triggering an Attack on Iran, Part II The Military Road Map
Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca
Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur émérite de sciences économiques à l’Université d’Ottawa. Il est l’auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en 12 langues).