Mercredi 30 juillet 2014
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Crée le 30-07-2014 - 11H05 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER..
BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALEAFRICAINE INTERNATIONALE . Mis à jourmercredi le 30-07-2014 -16H20 PAR : LE PHARE
Evariste Boshab, Secrétaire général du PPRD, a lancé hier mardi 28 juillet 2014, le plus officiellement du monde, le mot d’ordre à la mobilisation générale des cadres et militants de ce parti en
faveur de la révision constitutionnelle.
Lorsqu’un tel message émane de la direction politique du parti-phare de la Majorité Présidentielle, cela implique forcément la mise au pas de tous ses partenaires membres de la famille politique
du Chef de l’Etat.
Une chose est désormais sûre : les « Kabilistes » viennent de déchirer le voile qui couvrait, depuis plusieurs mois, un sujet
que certains ont tenté d’ériger en tabou.
Distribution planifiée des rôles ?
Dans ce feuilleton de la révision Constitution, le modus operandi en chantier au sein de la Majorité Présidentielle fait penser
à distribution planifiée des rôles. En revisitant un passé récent, l’on constate que c’est Evariste Boshab, auteur de ce qui paraissait comme un ouvrage controversé, qui avait lancé le premier
pavé dans la mare. Ce ballon d’essai, destiné à sonder l’opinion nationale, avait été lancé dans un climat de timidité politique générale dans sa propre famille politique, suite au tollé suscité
dans l’opinion par le charcutage intempestif par le Parlement (Sénat et Assemblée Nationale), en janvier 2011, de la Constitution du 18
février 2006.
A l’époque, le Secrétaire général du PPRD, victime des flèches empoisonnées de l’Opposition et d’une partie de la Société
civile, était contraint d’afficher plus sa casquette de professeur d’université que celle de cadre de la Majorité Présidentielle. Les attaques contre son livre étaient si virulentes qu’il avait
paru, à un moment donné, comme un homme seul, condamné à défendre tout seul une initiative qui paraissait ne pas avoir reçu le quitus de son « Autorité morale ».
Lors des Concertations nationales (septembre-octobre 2013), tous les ingrédients semblaient réunis pour faire endosser, par ce
forum, l’option de la modification de la Constitution. Mais, contrairement aux attentes des uns et aux craintes des autres, les résolutions et recommandations soumises à la sanction du Chef de
l’Etat étaient muettes à ce sujet.
Beaucoup d’eau s’est mise alors à couler sous le pont, laissant l’impression que la Majorité Présidentielle n’était pas partie prenante dans la révision constitutionnelle. A cet effet, Aubin
Minaku, Secrétaire général de ce regroupement politique et président de l’Assemblée Nationale, avait juré plusieurs fois à travers les médias tant nationaux qu’internationaux, que le président de
la République respecterait les prescrits de la Constitution.
Le Chef de l’Etat lui-même, au terme d’un « Conclave » organisé dans sa ferme, à Kingankati, avait demandé à ses troupes de se
concentrer sur les acquis des deux premières années de son mandat (fin de la guerre à l’Est, cohésion nationale, réconciliation nationale, assainissement du cadre macro-économique, justice et
respect des droits de l’homme, changement de mentalités, modernisation des infrastructures de base, relance de la production intérieure, lutte contre le chômage, etc.) et de ne pas se laisser
distraire par le débat autour d’un prétendu projet d’amendement de la Constitution.
Pendant un temps assez long, Aubin Minaku a continué à soutenir que ni le Chef de l’Etat, ni la Majorité Présidentielle, ne
toucherait à la Constitution. L’on a cru, qu’il en serait effectivement ainsi, jusqu’à ce que le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, cadre du PPRD et de la famille politique du Chef de
l’Etat, ne crée la surprise en prenant la charge de ficeler, pour le compte du gouvernement, quatre projets de lois dont l’un portant révision de la Constitution, sans préciser les matières
visées.
Le débat était ainsi brutalement rouvert au sujet de la révision constitutionnelle, pour finalement se préciser après les propos
d’Aubin Minaku lâchés à partir du Canada, et faisant état de l’organisation d’un référendum, au terme duquel le peuple congolais allait se prononcer sur la révision de la Constitution, laquelle
devait toucher des matières dites « verrouillées ». De retour au pays, cette personnalité politique a confirmé l’option de la modification de la Constitution, suivie en cela par d’autres cadres
de la Majorité Présidentielle, dont Sébastien LuzangaShamandevu, son porte-parole, et Richard Muyej, ministre de l’Intérieur.
Kabila candidat ou pas à un troisième mandat ?
La position de la Majorité Présidentielle est désormais claire : les articles intangibles de la Constitution peuvent être «
déverouillés » par référendum, si telle est la volonté du souverain primaire. La grande énigme reste à savoir si son « Autorité morale » est favorable à pareille initiative. Joseph Kabila
aimerait-il se porter candidat à sa propre succession, pour un troisième mandat ? Il est difficile de le savoir. Serait-il au contraire l’otage des « Faucons » qui le pousseraient à solliciter
les suffrages populaires après 2016, au risque de perdre leurs privilèges divers découlant de leur présence aux postes de direction et de gestion de la République ? Il est difficile de risquer un
pronostic.
Toujours est-il que les ex-Zaïrois se souviennent des blocages à répétition du processus démocratique orchestrés par les «
Mobutistes » entre 1990 et 1997, alors que le maréchal Mobutu avait ouvert les vannes de la démocratisation. On se rappelle aussi qu’après la chute de ce dernier, nombre d’entre eux avaient vu
leur fortune fondre comme neige au soleil, avant que quelques uns ne réussissent à rebondir comme « Kabilistes », après le Dialogue intercongolais et surtout les élections de 2006.
Référendum : la volonté du peuple sera-t-elle respectée ?
En dépit de tout ce qui se dit autour de l’initiative de la Majorité Présidentielle, on retient que le référendum est un exercice constitutionnel. En tant que tel, il est inévitable dès lors
qu’un problème national exige d’être tranché par cette voie. Ce qui inquiète, c’est de savoir si la volonté populaire sera scrupuleusement respectée dans les urnes. A ce sujet, la CENI
(Commission Electorale Nationale Indépendante) ne donne pas des garanties suffisantes de transparence, en raison notamment de son fameux serveur interdit de tout audit, par les partis politiques
et la Société civile de ses kits électoraux qui affichent souvent des statistiques de votants supérieures et celles des électeurs réellement enrôlés, des bureaux de vote et de dépouillement
militarisés, où témoins et observateurs sont placés dans l’impossibilité de faire leur travail, des opérations controversées de compilation des résultats même avec le concours
des NTIC, etc.
Il y a aussi la question de l’ouverture de l’espace politique à tous les courants d’opinion, de manière à permettre aux « pro » comme aux « anti » révision constitutionnelle de battre campagne à
Kinshasa comme aux quatre coins de la République. Si les autorités politiques et administratives aux pouvoirs excessifs et enclins aux abus s’investissent dans la répression systématique des
activités des membres de l’Opposition et de la Société Civile dans la mobilisation de l’opinion contre le déverrouillage de la Constitution, on aura sérieusement faussé le jeu démocratique en
amont et la vérité des urnes en aval.
Kimp
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