Crée le 29-04-2014 - 09H48 |
AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER.. BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE
ETINTERNATIONALE . Mis à jour mardi le 29-04-2014 - 09H55 PAR :ARTV NEWS
Sans moyens financiers conséquents
Devant le Sénat, le vice-ministre aux Affaires étrangères a peint un tableau sombre de la diplomatie congolaise. La montagne des problèmes, répertoriés
avec lucidité et courage par Me Tunda ya Kasende, noie malheureusement l’éclat des victoires engrangées sur le plan international. La thérapeutique de choc en chantier permet d’entrevoir
l’avenir avec optimisme d’autant que les spoliations, détournements et impaiements de salaires sont en voie d’être jugulés. La diplomatie congolaise est en panne. Les tâtonnements de la
diplomatie dans les récents événements de Brazzaville en témoignent éloquemment. Me Tunda ya Kasende n’a fait qu’enfoncer une porte déjà ouverte. Dès lors, un recadrage s’impose pour redonner à
la RDC sa place dans le concert des nations.
Dans un langage de vérité et de transparence, le vice-ministre aux Affaires étrangères, Me Tunda ya Kasende, a rencontré les préoccupations soulevées par le
sénateur Bya’Ene Esongo, enrichies par six autres élus des élus. D’entrée de jeu, le vice-ministre a paraphrasé le chef de l’Etat, le premier diplomate de la République, qui prône : « Une
diplomatie de paix, de stabilité et de coexistence pacifique avec tous les pays, principalement nos neuf voisins, ainsi qu’une diplomatie de développement qui accompagne et appuie efficacement
les cinq chantiers de la République ».
La RDC, qui est poussée à l’isolement à la suite des événements survenus depuis les années 1990, tente de revenir à la surface. Les guerres récurrentes dans la
partie orientale du pays n’ont pas facilité le processus de redynamisation de la diplomatie congolaise. Une stratégie opérationnelle en six points avait été élaborée par le gouvernement pour cet
objectif, décliné en ces termes : « le rapatriement des diplomates rappelés et fin termes et affectation des nouveaux diplomates ; le paiement des arriérés des loyers et salaires des diplomates ;
l’augmentation du budget des ambassades ; la réhabilitation des immeubles, l’acquisition et la fermeture de certaines ambassades ; le paiement des contributions aux organisations internationales
et l’affectation des Congolais dans la fonction publique internationale ; enfin l’augmentation des salaires des fonctionnaires de la Centrale ».
Ne sacrifiant pas les urgences, les impératifs du moment avaient contraint le gouvernement à amorcer des actions d’envergure qui ont évité au
pays sa balkanisation. Tunda ya Kasende a énuméré quelques hauts faits diplomatiques à l’actif du gouvernement dans des conditions difficiles. Il s’agit, note-t-il, de l’ouverture en décembre
2012 à Kampala des négociations avec le M23 ; la signature de l’accord-cadre de paix d’Addis-Abeba le 24 février 2012 ; l’autorisation par le Conseil de sécurité de l’envoi d’une Brigade spéciale
d’intervention en RDC le 05 mars 2013 ; la tenue avec succès à Kinshasa du 26 au 27 février 2014 du 17ème sommet du Comesa, …
Au nom du gouvernement, Tunda ya Kasende détermine le pragmatisme de l’exécutif en la matière, citant le sage chinois Confucius : « Pas trop d’isolement, pas trop
de relations ; juste milieu, voilà la sagesse ».
S’attaquant aux principales questions soulevées par les sénateurs, le vice-ministre Tunda les regroupe en quatre points essentiels, à savoir : «
la mise en œuvre de la politique du chef de l’Etat ; la gestion des missions diplomatiques et postes consulaires ; la représentation de la RDC dans les organisations internationales ; la
politique du gouvernement en matière de gestion et d’encadrement des Congolais de l’étranger ».
Le triptyque de Joseph Kabila : diplomatie, pression militaire et actions politiques, a privilégié l’option diplomatique qui a le bénéfice de faire l’économie des
vies humaines. Le résultat se passe de tout commentaire. Le M23 est défait, les groupes armés sont en voie d’éradication, le retour progressif des Congolais en errance, …sont autant d’ilots de
lumières des actions menées dans un environnement hostile et difficile.
Un tableau sombre
Quant à la gestion du secteur avec sa cohorte de ventes illégales des immeubles et de la corruption, il est clair que tout ne peut être rose. « La République
démocratique du Congo compte 69 immeubles répartis dans 66 postes diplomatiques et consulaires dont 52 en Afrique, 5 en Asie et Moyen Orient, 3 en Amérique et 9 en Europe », indique Tunda Ya
Kasende.
Faisant l’inventaire, il note que des immeubles de l’Etat ont fait l’objet de spoliation et de ventes illicites de la part de certains diplomates, sans
l’autorisation préalable du gouvernement. Certains Etats ont aussi dépossédé la RDC, comme à Kigali au Rwanda où « la chancellerie et résidence sont réquisitionnées par le gouvernement rwandais
».
Dans tous les cas, Me Tunda rassure : « il y a lieu de retenir que l’hémorragie a été combattue depuis un certain temps et la plaie tend à se cicatriser ». Dont
acte !
Le pragmatisme gouvernemental a aligné les ambassades suivant une catégorisation tenant compte « de la real politik et de la dynamique d’un monde
en perpétuelle mutation », précise Me Tunda. Les neuf pays limitrophes ont été dès lors classés en ordre utile afin d’assurer un bon voisinage considéré comme « ceinture de sécurité ».
Ainsi, les 5 pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, les pays jouissant d’une géopolitique garantissant la sécurité de la RDC talonnent les pays
voisins dans la catégorisation. Les pays à économie forte et les pays émergeants ou les missions permanentes, sièges des organisations internationales ainsi que les pays avec lesquels la RDC a
des liens historiques et sociopolitiques viennent boucler la liste.
Le quart du budget seulement libéré
« La diplomatie sans les armes, c’est la musique sans les instruments », disait Prince Otto Von Bismarck, cité encore une fois par Me Tunda Ya Kasende. Sevré de
moyens financiers, le nerf de la guerre, n’importe quelle diplomatie ne pourrait s’en sortir. Pour des besoins budgétisés de l’ordre de 148.270.305.272 Fc, le Trésor public n’a sorti que
36.962.805.326 Fc, soit 25% du montant sollicité en 2013. Comment, dans ces conditions, réussir la gageure de rapatrier 515 familles des diplomates dont 251 rappelés, 169 fin termes, 73 familles
des diplomates décédées et 22 ambassadeurs ?
Pour cette seule rubrique, le coût estimé était de 20.340.470.000 Fc. L’affectation de 214 nouveaux diplomates devrait coûter 1.900.000 Usd. De même, il avait fallu
débourser 2.520.000 Usd pour les 36 nouveaux ambassadeurs nommés. Quant aux arriérés des loyers et de salaires des diplomates ainsi que les différentes dettes, le montant prévu était de 40.036
108.65 Usd. Les prévisions du recrutement de 200 jeunes universitaires nécessitaient 222.013 Usd qui n’ont jamais suivi.
Malgré la modicité des allocations, plus de 38 millions Usd, les salaires des diplomates ont été améliorés de 50%, des arriérés de salaires ont
été épongés et le cumul a été jugulé. Ces arriérés sont ventilés de la manière suivante, à en croire le vice-ministre Tunda : « une créance certifiée de 16.962.246 Usd versée à la dette
intérieure ». Pour les arriérés des diplomates rappelés et leurs familles, des engagés locaux et des loyers, elles s’élèvent à 112.571.624 Usd. Pour ce qui est des Congolais de l’étranger, le
vice-ministre indique qu’ils sont pris en charge par la direction des Congolais de l’étranger aux Affaires étrangères. Pour ceux des Congolais qui ont acquis une nationalité étrangère, le premier
résultat des réflexions engagées sous l’égide du Premier ministre recommande de leur octroyer rapidement des visas et des passeports.
Quoi qu’en panne, la diplomatie congolaise se relève à petits pas. En accord avec les sénateurs, Tunda ya Kasende considère que la diplomatie
congolaise « s’améliore au jour le jour ». La dynamique actuelle tournée vers le rajeunissement du corps diplomatique vise à faire d’eux des modèles de compétence, de polyvalence, d’intégrité
morale et de patriotisme, conformément au vœu du chef de l’Etat. Pour cette raison, « les efforts entamés visent déjà, à titre d’exemple, l’apprentissage obligatoire d’une ou deux langues
supplémentaires utiles à l’insertion d’un diplomate dans la fonction ». Pour couronner les efforts, « le rappel à la centrale des diplomates fin termes est un atout majeur au redressement de la
fonction diplomatique et au renforcement des relations bilatérales ». Ce serait même le retour à la normalité en diplomatie.
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