Mercredi 30 avril 2014
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Crée le 30-04-2014 - 11H48 |
AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER.. BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE
ETINTERNATIONALE . Mis à jour mercredi le 30-04-2014 - 11H55 PAR : LE FORUM DES AS
Pas une date ordinaire sur le
calendrier de l’enseignant congolais. Le 30 avril de chaque année, le professionnel de la craie est à l’honneur. C’est donc aujourd’hui. La RD Congo "honore " son enseignant. Une fête qui n’en
est pas une, dans la mesure où la journée reste ouvrable. Evidemment, sauf dans les écoles.
Sera à l’honneur ce matin, cet enseignant mal payé. Et, à ses côtés, son collègue qui, depuis plusieurs mois attend sa mécanisation. C’est-à-dire sa prise en charge
sur les listings de paie. Et, ils sont plusieurs centaines qui se retrouvent dans cette situation. Donc des enseignants impayés. Mais, à qui on demande de travailler. L’enseignant qu’on " fête "
aujourd’hui est celui-là même dont les enfants sont exclus de l’école. Mais, à qui on demande d’enseigner les enfants des autres. Dans ces conditions, on peut imaginer ce que pourrait être le
rendement d’un ouvrier affamé et démotivé.
Le résultat est celui que nous connaissons tous. " Le niveau de l’enseignement a sensiblement baissé ". C’est le jugement collectif que portent les Congolais sur
leur système éducatif. Plusieurs colloques, Journées de réflexion, séminaires de remise à niveau et ateliers ont été organisés dans ce secteur clef du développement. C’est-à-dire l’Enseignement.
Sans doute qu’aujourd’hui encore, d’autres rencontres du genre se tiendront dans l’un des salons frais de Kinshasa.
Cependant, tout le problème est que ces différentes entrevues locales, organisées avec l’appui financier des partenaires extérieurs, ont eu l’ambition légitime
d’apporter des remèdes aux maux qui rongent le système éducatif congolais. In fine, il est avéré que toutes les recommandations issues de ces travaux sont classées dans les tiroirs du décideur
politique. Moralité, la situation de l’enseignant congolais ressemble à celle d’un homme au bord du naufrage. Nombreux sont ceux qui s’apitoient sur la terre ferme. Mais personne n’est prêt à se
jeter dans l’eau pour lui sauver la vie.
Qu’il s’agisse de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel ou de l’Enseignement supérieur et universitaire et recherche scientifique (ESURS), le constat
reste le même.
Au bout de chaque année scolaire, des milliers de finalistes du cycle d’études secondaires sont proclamés diplômés d’Etat. Mais, parmi eux, très peu seulement
peuvent correctement rédiger une phrase simple. Il en est de même des milliers d’universitaires que produit annuellement le pays. Et, comme les finalistes des humanités, " nos universitaires"
sont pour la plupart "analphabètes ". Le pays compte des milliers de licenciés et gradués dans divers domaines, mais qui sont incapables d’écrire une lettre en français.
AUSSI LONGTEMPS QU’ON N’AURA PAS ARRETE LE VAGABONDAGE…
Combien y a-t-il encore de professeurs d’Université qui assument pleinement leurs charges horaires ? Très peu. Existe-t-il des enseignants non cumulards ? Possible.
Mais, leur nombre serait à compter du bout des doigts. L’expérience renseigne que plus d’un enseignant d’université preste à la fois dans plusieurs établissements. Qui plus est, nombreux sont
également ces Profs d’université qui travaillent dans des cabinets politiques. Ils y sont soit directeur de cabinet, soit conseiller. D’autres encore, travaillent comme Consultants dans des
organisations du système des Nations Unies. Le tout se résume en une vie par addition de revenus.
Mais tout le problème, c’est qu’à l’absence de ces enseignants, leurs assistants assument les mêmes charges horaires. Ils enseignent normalement, alors qu’ils n’en
ont pas la qualité. Si l’enseignant d’université a la " chance " de travailler dans un cabinet politique, le moniteur du primaire, l’enseignant du secondaire quant à lui, se contente du
préceptorat dans certaines familles présentant des signes extérieurs de bien-être. D’autres carrément, se lancent dans un petit commerce de survie. Ce sont des enseignants " Shailleurs " (Ndlr :
dans l’argot kinois, le mot shailleur est un néologisme qui désigne tout petit trafiquant).
De l’avis de plusieurs rompus, le vagabondage des enseignants est considéré comme l’un de principaux maux qui rongent le système éducatif. Particulièrement,
l’Enseignement supérieur et universitaire. Partant, les mêmes experts ne décolèrent pas. Ils estiment qu’aussi longtemps que l’Etat congolais n’arrêtera pas l’errance involontaire du corps
enseignant, la situation continuera d’aller de mal en pis. Et, le meilleur si pas le seul remède à cela, est l’amélioration des conditions de travail de l’enseignant. Cela s’entend, un bon
salaire.
Il est vrai que des efforts appréciables du Gouvernement ont été fournis dans ce sens. Parmi les actes posés, figure l’octroi de véhicules, selon des critères
internes, aux enseignants de l’Enseignement supérieur et universitaire. A cela s’ajoute, une augmentation assez substancielle de leur enveloppe salariale. Si bien qu’actuellement, un Prof d’Univ
perçoit un peu plus de 750 dollars en termes de rémunération mensuelle. Alors, qu’en est-il de l’enseignant de l’EPSP ?
Enfin, que peut-on encore dire de nouveau sur l’enseignement en RD Congo ? Rien. Tout a été dit et plusieurs fois d’ailleurs. Que des études menées dans ce secteur.
Mais les
perspectives semblent bien loin prometteuses. Bien au contraire. Aussi, certains analystes proposent-ils que soient placés à la tête des ministères de l’Epsp et de
l’Esurs, des personnes techniques et non politiques. On peut comprendre la nuance. Car, aussi longtemps que l’on continuera à avoir des ministres très politiques au sommet de ces deux ministères,
les enseignants devront attendre. Peut-être encore plus longtemps.
Laurel Kankole
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